Paris, capitale mondiale du gaz

Publié le 12/06/2015
6 min
Le 26e Congrès du gaz s’est clôturé à Paris le 5 juin 2015. Cet événement majeur pour l’industrie gazière a remporté un franc succès, par sa fréquentation et la force des messages portés. Il a placé plus que jamais le gaz au centre de la construction du monde énergétique de demain.
Par Laura Icart
Plus de 3 700 délégués internationaux venus de 90 pays, les dirigeants des plus grandes compagnies gazières, des experts de renommée mondiale du secteur énergétique, des universitaires et des personnalités de premier plan issues d’organisations internationales ont pris part aux discussions autour du thème : « Se développer ensemble en respectant la planète ».
Durant cinq jours, 14 000 visiteurs sont venus découvrir les dernières innovations du secteur gazier auprès des 350 exposants présents sur l’exposition. « Nos échanges ont été riches et fructueux grâce aux contributions de tous. Je suis particulièrement impressionné et heureux de constater la cohérence des messages que nous avons portés auprès de la communauté internationale », a déclaré le président de l’Union internationale du gaz (UIG) Jérôme Ferrier. « Les dirigeants de notre industrie ont été clairs et unanimes : le gaz naturel est le combustible du futur. Aussi son rôle dans le mix énergétique mérite une plus grande reconnaissance en tant qu’énergie fossile la moins émettrice de carbone. Tel aura été le message de ce 26e Congrès du gaz qui s’est tenu à Paris. »
L’énergie des prochaines décennies
Le secteur gazier est aujourd’hui en pleine mutation, l’arrivée à maturité des technologies du GNL, l’explosion du gaz de schiste et l’essor des énergies renouvelables notamment, ont transformé le paysage structurel gazier sans pour autant remettre en cause la place centrale qu’il occupe dans le mix énergétique.
Les progrès technologiques qui ont permis un développement rapide du GNL ont provoqué une explosion des volumes échangés (100 millions de tonnes en 2000 contre 244 millions de tonnes en 2014) et la tendance ne devrait pas s’inverser puisqu’Engie prévoit un volume total commercialisé avoisinant les 370 millions de tonnes à l’horizon 2020. De nombreuses usines sont en cours de construction, notamment en Australie. Ce marché permettra d’alimenter l’Asie et notamment la Chine, troisième consommateur de gaz en 2013 derrière les États-Unis et la Russie qui absorbera selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE) un tiers de la demande additionnelle d’ici à 2040.
L’émergence des gaz de schiste a nettement dopé le potentiel des ressources, qui devraient représenter environ 20 % des livraisons gazières d’ici à 2025. La bonne complémentarité géographique notamment entre le gaz naturel et le gaz de schiste assure plus d’un siècle de réserve d’après Helle Kristoffersen, directrice stratégie de Total. Le développement des énergies alternatives comme l’éolien ou le solaire fait du gaz un complément efficace pouvant éventuellement pallier à une production intermittente.
Selon tous les scénarios de l’AIE publiés dans le World Energy Outlook 2014, le gaz est la seule énergie fossile dont la demande progresse. Elle devrait représenter 24 % du mix énergétique mondial en 2040 – soit équivalent au charbon et derrière le pétrole (26 %). Cette tendance mondiale cache de nombreuses disparités géographiques. L’Europe et notamment la France, marché assez mature, va de son côté devoir relever les défis de la transition énergétique qui passe par la recherche de l’efficacité énergétique, selon une présentation de GrDF. Les qualités du gaz, ressource abondante, moins polluante que le charbon ou le pétrole et ayant une bonne complémentarité avec les énergies renouvelables, ont été portées pendant ce congrès par tous les professionnels de l’industrie gazière mondiale.
Une solution pour le climat ?
En plein débat sur le projet de loi sur la transition énergétique et à quelques mois du sommet sur le climat (COP 21), les grandes compagnies gazières ont parlé d’une seule voix pour exprimer leur volonté commune de faire du gaz naturel un élément majeur pour répondre au défi du changement climatique. « Le gaz est un atout privilégié au service de l’objectif de limiter la hausse des températures en deçà des 2 °C », souligne Gérard Mestrallet, président-directeur général d’Engie.
Le 1er juin, les patrons des six majors européennes (Shell, BP, Total, Eni, Statoil, BG Group) ont lancé un appel aux États du monde entier et à la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques pour l’instauration d’une tarification ambitieuse du carbone afin de bâtir un avenir plus durable.
Patrick Pouyanné, directeur général de Total, a insisté sur la place majeure qu’occupe désormais la production de gaz dans le groupe et dont la part va continuer d’augmenter dans les prochaines années : « C’est l’énergie fossile la plus propre : elle émet près de deux fois moins de CO2 que le charbon. » Le monde du gaz est donc confronté à un double enjeu : satisfaire une demande mondiale en énergie croissante tout en répondant aux nombreux défis liés au changement climatique. Il se sent prêt à y répondre.
La présidence française de l’UIG
La clôture du Congrès mondial du gaz est aussi l’heure du bilan pour la présidence française de l’UIG. Lors de son triennat, la France a contribué à de nombreuses réalisations : l’adhésion de nouveaux pays, le renforcement des partenariats avec de grandes organisations internationales, la création de « the Global Voice of Gas » – tribune et porte-voix de l’industrie gazière -, une collaboration renforcée avec un réseau élargi d’experts, la valorisation de la recherche et le développement de programmes spécifiques à la jeunesse ou à la promotion des femmes dans l’industrie gazière.
C’est fier du travail accompli que Jérôme Ferrier a transmis le flambeau aux États-Unis, pays organisateur du prochain congrès. « Je tiens à rendre hommage au travail remarquable, au leadership ainsi qu’à la collaboration sans faille de nos collègues français au cours de leur présidence triennale. Nous sommes impatients de poursuivre leurs actions en capitalisant sur les réussites obtenues pour assurer à l’industrie mondiale du gaz naturel la place qui doit être la sienne dans le mix énergétique mondial », a déclaré David Carroll, nouveau président de l’UIG. Le prochain Congrès du gaz aura lieu en 2018 à Washington.
Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, a répondu dans une lettre à l’appel des six dirigeants des compagnies pétrolières et gazières en faveur d’un prix du carbone. Elle reconnaît les efforts entrepris par les secteurs pétrolier et gazier pour accroître leur efficacité opérationnelle et reste convaincue qu’encore plus d’efficacité et d’opportunités peuvent être trouvées.