Micro-cogénération : Pile-poil prête

Publié le 22/06/2017

5 min

Publié le 22/06/2017

Temps de lecture : 5 min 5 min

Dimensionnés pour fournir chauffage et eau chaude à une habitation et produire simultanément de l’électricité, les systèmes de micro-cogénération ont le vent en poupe en France. Parmi eux, la pile à combustible, adaptée à l’habitat individuel, semble promise à un bel avenir et prête à intégrer le marché français. Focus.

Par L.I.

Les piles à combustible au gaz naturel vont très prochainement se présenter sur le marché français. Après plusieurs années d’expérimentation, ce système de micro-cogénération a atteint un degré de performance optimum lui permettant d’entrer en phase de commercialisation.

Le temps des premières expérimentations

C’est en 2014, à Forbach en Moselle, qu’a débutée la première expérimentation de trois piles à combustible au gaz naturel. Ce projet, baptisé « Épilog », financé par l’Ademe et coordonné par GRDF, avait pour vocation de tester la fiabilité du système et de mesurer ses performances. À cette occasion, une pile à combustible de marque Viessmann a été testée dans trois bâtiments aux caractéristiques variées : une maison individuelle, un collectif de logements et une crèche. « Si nous avons visé une variété de bâtiments pour cette expérimentation, cela ne sera probablement pas à l’image du marché potentiel de la pile. Nous constatons que cette technologie est particulièrement adaptée au segment de la maison », a confié à Gaz d’aujourd’hui Régis Contreau, chef de produit chez GRDF.

Et des premiers résultats

Après deux années d’expérimentation, les résultats rendus publics en septembre 2016 ont montré, selon Régis Contreau, « les bonnes performances » de la pile à combustible gaz qui garantissent « des rendements sur la consommation en énergie primaire d’au moins 140 %, voire plus, comparés à un système traditionnel ». Pour le professionnel de GRDF, la bonne intégration du produit dans le bâtiment, caractérisée par sa facilité d’installation, « similaire à celle d’une chaudière classique» et ses très bonnes performances observées, « quasi identiques entre les tests en laboratoire et le terrain » sont les premiers signes d’une expérience réussie. « La fiabilité » est également un atout majeur du système puisque depuis l’installation des premières piles en avril 2014, aucun cœur de pile n’a été changé. « C’est ce qui nous fait dire que ce produit est mature technologiquement et prêt à intégrer le marché français » conclut Régis Contreau, qui cite le Japon comme une référence du développement du marché de la pile à combustible gaz, puisque plus de 200 000 piles y sont installées.

Vers une commercialisation imminente

Cinquante-trois piles à combustible au gaz naturel ont été installées sur le territoire français et sont actuellement testées, par neuf fabricants différents prêts à les commercialiser. Porté par la réussite du projet « Épilog », c’est la société Viessmann qui semble avoir une longueur d’avance puisque le fabricant annonce la commercialisation de la pile et son ajout au catalogue de la marque dans les semaines à venir.

Pour GRDF, le travail se poursuit également puisque le principal distributeur de gaz naturel en France est entré dans une phase préparatoire intensive afin de structurer cette nouvelle filière en l’intégrant dans la réglementation thermique notamment et en préparant de la manière la plus optimisée possible l’arrivée de la pile sur le marché. Observateur avisé du marché, Régis Contreau estime qu’« une cinquantaine de piles installées d’ici la fin de l’année serait un objectif atteignable pour les fabricants ».

Quels avantages pour les usagers ?

Du côté de GRDF, on verrait comme un signal positif une évolution de la réglementation, par exemple, sous la forme d’un crédit d’impôt – aujourd’hui, la seule incitation qui existe concerne l’application du tarif d’achat de l’électricité qui permet à un usager d’une pile à combustible de pouvoir se faire racheter son électricité, à 14 cents du kWh. En moyenne, la pile à combustible gaz produit 3 500 kWh sur une année. La moitié est auto consommée dans le logement et l’excédent peut être réinjecté dans le réseau et valorisé par ce tarif. Si à l’heure actuelle le prix officiel de la pile n’est pas encore connu, il pourrait avoisiner les 15 000 euros. Un prix élevé mais « temporaire » selon Régis Contreau qui précise que le Japon a commencé il y a quelques années la commercialisation de la pile à 35 000 euros, contre 12 000 euros aujourd’hui. « Aujourd’hui, notre objectif est de faire connaître les atouts de cette technologie gaz naturel au plus grand nombre, d’accompagner les acteurs pour qu’ils mettent en avant ses avantages en termes de confort et de production d’électricité », ajoute-t-il tout en précisant qu’une fois des volumes suffisants installés en Europe, « d’ici quatre à cinq ans », les prix baisseront et de fait la pile deviendra un produit intéressant aux côtés de la chaudière. C’est en tout cas la conviction de GRDF qui a identifié les nombreux avantages de ce nouveau système pour les maisons individuelles.