Les données au service de la maîtrise de la demande énergétique

Publié le 13/02/2018

5 min

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Si les datas ouvrent un nouveau champ des possibles pour les acteurs gaziers, elles changent également la donne pour les consommateurs finaux. Point d’orgue de ce changement, le compteur Gazpar, en cours de déploiement sur notre territoire et qui va engranger des millions de données devant permettre, pour les clients finaux, une meilleure maîtrise énergétique. Des données qui sont aussi depuis janvier 2018 disponibles pour les fournisseurs d’énergie et acteurs tiers qui en font la demande, à la recherche de nouveaux débouchés marchands et non marchands dans le secteur de l’énergie et plus généralement du numérique. Explications.

Par L.I.

 

Le potentiel des données transmises par Gazpar

« Les compteurs communicants peuvent-ils changer les pratiques de consommation énergétique ? » C’est le titre d’une étude menée conjointement par GRDF et par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), lors de la phase pilote de déploiement de Gazpar. Rendue public en novembre dernier, elle revient sur onze expérimentations menées sur les quatre territoires pilotes pour exploiter le potentiel de la maîtrise de la demande en énergie (MDE) des données chez huit catégories d’acteurs : GRDF, les collectivités, les bailleurs sociaux, les fournisseurs de gaz, des acteurs spécialisés dans la MDE, les dispositifs du type « familles à énergies positives » (FAEP), les acteurs de la précarité énergétique et enfin les acteurs tiers marchands et non marchands souhaitant se positionner sur le marché des données. Plusieurs éléments importants en ressortent. En premier lieu, si les consommateurs ont une perception différente de Gazpar, ils ont tous un objectif de réduction des consommations de gaz. Mais dans ce dédale de données, la plupart ont besoin d’être accompagnés, conseillés, guidés. « Ce constat montre l’importance que des acteurs tiers s’impliquent, se servent des données pour proposer des services adaptés aux besoins des ménages, concrétisant le potentiel de MDE de chacun », explique à Gaz d’aujourd’hui Isabelle Drochon, responsable du programme « données » chez GRDF. L’Ademe se montre particulièrement intéressée par des données détaillées, qui lui permettront d’améliorer ses outils et dispositifs existants. Les gestionnaires de parcs y voient la possibilité d’être plus réactifs et d’optimiser leurs consommations, on parle même de 15 à 20 % d’efficacité énergétique pour les exploitants de chaufferie. Enfin, les acteurs du digital souhaitent aussi se positionner sur ce nouveau marché en proposant des outils, pas forcément spécifiques au secteur de l’énergie mais qui pourraient avoir un impact sur la MDE.

Une culture de la donnée chez GRDF

Si Gazpar est la première brique du smart gas grid, GRDF a développé cette culture de la donnée depuis 2014, lorsque le distributeur français a fait appel à la start-up OpenDataSoft pour ouvrir sa plateforme d’open data. Cette collaboration s’est construite en plusieurs étapes : depuis 2010, GRDF met à disposition des autorités des données de consommation annuelle de gaz naturel par secteur d’activité. En 2014, le distributeur partage des premiers jeux de données en interne afin de « sensibiliser et de mobiliser l’ensemble de ses collaborateurs sur les enjeux de la valorisation de la donnée ». En 2016, l’entreprise publie les données de production de biométhane à la maille « Iris »1. La même année, elle lance une démarche d’open data publique pour une mise à disposition des données d’intérêt général. Avec la généralisation du déploiement de Gazpar, des données à des mailles plus fines sont désormais disponibles et accessibles pour les fournisseurs et par des tiers sur consentement du client.

Les données sont désormais open

C’est la grande nouveauté de 2018 ! « Nous sommes dans une logique de service public de la donnée, nous souhaitons l’ouvrir au maximum et à tout le monde », souligne Isabelle Drochon. Pour cela, GRDF a mis en place un système de portails à destination de ses différentes cibles. En premier lieu le portail clients : pour suivre sa consommation quotidienne, chaque consommateur devra créer un espace sur Internet. Deuxième portail : celui des fournisseurs de gaz, qui auront accès s’ils le souhaitent aux données détaillées de consommation, et cela même s’ils ne sont pas fournisseurs titulaires. Bien qu’aujourd’hui seulement 2 % des clients aient donné leur accord, ces données en temps réel seront à terme une mine d’informations pour des fournisseurs afin d’adapter leurs offres aux besoins effectifs. Enfin, un troisième portail est celui des tiers, également opérationnel depuis janvier. Il est dédié aux acteurs tiers qui ont été présélectionnés par GRDF – comme Engie Cofely, Hello Watt ou Éco CO2, une quinzaine pour le moment – et qui ont vocation à proposer de nouveaux services dédiés à l’optimisation énergétique. « À l’été 2018, nous devrions avoir une centaine d’acteurs tous services confondus inscrits sur ce portail » précise Isabelle Drochon.

1 Iris pour « îlots regroupés pour l’information statistique » : il s’agit d’un niveau de collecte et de diffusion des données statistiques et démographiques en France, à l’échelle infra-communale, utilisé par l’Insee.