Le rêve glacé de Poutine

Publié le 21/01/2018
3 min
Le président russe Vladimir Poutine a inauguré en décembre dernier le site gazier Yamal, en Sibérie arctique. Yamal, projet de toutes les démesures, devrait produire jusqu’à 16,5 millions de tonnes de GNL par an.
Longtemps qualifié de chantier hors norme et à juste titre, le site de Yamal LNG a donc été inauguré en grande pompe par le président russe dans la nuit polaire du 8 décembre. La première cargaison GNL issue de Yamal LNG – financé pour moitié par le français Total et les chinois CNPC et Silk Road Fund (fonds d’investissement) – a quitté le port de Sabetta, en Arctique russe, à destination de l’Asie, à bord du méthanier brise-glace Christophe de Margerie. Un nom qui ne doit rien au hasard, puisque l’ancien PDG de Total, décédé dans un accident d’avion en Russie en 2014, était à l’origine de l’engagement de Total dans le projet.
Un vivier de ressources
Située dans une région désertique à 600 km au nord du cercle polaire et à 2 500 km de Moscou, la péninsule de Yamal dispose de ressources considérables en gaz. Si la région, gelée sept à neuf mois par an, avec des températures descendant jusqu’à – 50 °C, propose les conditions de travail difficiles, ces températures extrêmes rendent le coût de liquéfaction du gaz près de 10 % inférieur à ce qu’il est dans le reste du monde. Actuellement, une seule ligne de production (de 5,5 millions de tonnes par an) est opérationnelle. Les deux autres doivent démarrer cette année et en 2019 et devraient porter la capacité du site à 16,5 millions de tonnes par an.
Une production déjà vendue
Quinze méthaniers brise-glace de 300 m de long et d’une capacité de 170 000 mètres carrés chacun seront mis en service d’ici à 2019 pour assurer le transport d’une production qui est d’ores et déjà vendue à 95 % dans le cadre de contrats sur vingt à vingt-cinq ans. Les principaux acheteurs sont les partenaires du projet : le russe Novatek, le français Total et le chinois CNPC. La production de Yamal LNG ira pour plus de la moitié en Asie (54 %) et le reste (46 %) trouvera preneur en Europe.
Yamal devrait permettre à la Russie de se renforcer sur le marché du GNL et de rejoindre le top 3 mondial des producteurs de GNL. Quand tous les trains de liquéfaction seront en route, il devrait également permettre à Total, dont les ambitions en matière de GNL ne font que croître, de prendre une belle longueur d’avance sur ces concurrents. Le projet sera alors le plus gros pourvoyeur de GNL du groupe français.
30 000 salariés
23 milliards d’euros
15 méthaniers brise-glace
16,6 millions de GNL estimés