Le monde des GPL

Publié le 15/09/2017

6 min

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À travers le monde, des centaines de millions de personnes utilisent aujourd’hui les gaz de pétrole liquéfié, plus communément appelés GPL, et en dépendent pour de nombreux usages : dans l’industrie, les transports, l’agriculture, la production d’électricité, la cuisine, le chauffage et les loisirs. Mais peu savent en revanche comment les GPL sont produits, d’où ils viennent et qui sont les pays qui en consomment le plus. Enquête.

Par Laura Icart

Qu’est ce qu’un gaz de pétrole liquéfié ? Principalement une combinaison de molécules de propane et de butane associées à d’autres composés en quantités infiniment petite. Mais commençons par un peu d’histoire…
Les industries gazières et pétrolières ne se sont intéressées que tardivement à l’industrie des GPL, les gaz butane et propane. Si l’aventure du gaz naturel a commencé à l’orée du XIXe siècle avec Philippe Lebon, l’histoire des gaz butane et propane débute avec celle du XXe siècle. En 1911, un chimiste américain, Walter Snelling, démontre que la présence de propane et de butane dans l’essence est à l’origine de l’évaporation. Il développe rapidement une méthode pour séparer ces gaz de l’essence. La première production de GPL pour leur utilisation remonte aux années 20 et il faudra attendre les années 50 pour que commencent des échanges commerciaux d’envergure. Si, en France, l’entreprise Liotard invente et commercialise (en 1934) la première bouteille de gaz butane via sa filiale Primagaz, il faudra attendre le milieu des années 40 pour que l’utilisation des GPL débute véritablement. Limitée pendant une trentaine d’année à une commercialisation régionale, la crise pétrolière de 1973 marque un tournant pour l’industrie des GPL avec la prise de conscience de leurs intérêts par les pays pétroliers. Les années 80 se révélèrent être une période d’expansion considérable des exportations de GPL dans le monde.

L’origines des GPL

Les GPL proviennent de deux origines : environ 60 % sont récupérés lors de l’extraction du gaz naturel et du pétrole de la terre. Le gaz naturel brut extrait de la terre contient un mélange de gaz tels que l’éthane, le propane et le butane et ce que l’on appelle les liquides de gaz naturel (LGN) dont environ 5 % sont des GPL. Les 40 % restants sont produits lors du raffinage du pétrole brut. Le processus de raffinage du pétrole est complexe et nécessite de nombreuses étapes (distillation atmosphérique, reformage, craquage, etc.). Les GPL sont extraits à chacune d’entre elles. Ils sont produits parce que les gaz butane et propane sont piégés dans le pétrole brut. Dans le raffinage du pétrole brut, ils sont les premiers à être récupérés dans le processus de fabrication des carburants plus lourds tels que le diesel, le kérosène, le mazout et l’essence. Selon sa provenance, une tonne de pétrole brut traitée produit 20 à 30 kg de GPL. Le GPL est donc un sous-produit naturel.

Mais comment arrive-t-il jusqu’aux usagers ?

Comme nous l’avons vu précédemment, les GPL sont obtenus à l’issue du traitement du gaz naturel. Une fois prêt, le GPL est transporté vers des terminaux de stockage par des transporteurs agréés, des pipelines ou des trains. Le GPL est ensuite livré par train, route, navire-citerne côtier ou pipeline à des usines de remplissage de cylindres et des zones de stockage intermédiaires.
Les cylindres sont remplis de butane et de propane dans les usines d’embouteillage. Généralement le GPL est stocké dans des réservoirs sous pression dans des centres de stockage intermédiaires. Le GPL peut être transporté pratiquement n’importe où, soit en bouteilles, soit en vrac. Les camions transportent des bouteilles de butane et de propane de l’usine d’embouteillage aux détaillants, ainsi qu’aux clients privés et professionnels. Pendant ce temps, les petits camions en vrac distribuent du GPL en provenance des centres de stockage à divers consommateurs. Enfin, le GPL est facilement accessible aux utilisateurs finaux par le biais d’un réseau de points de vente.

Tour d’horizon des usages les plus répandus dans le monde

44 % du GPL, soit presque la moitié de la production mondiale, a été destinée en 2015 à un usage domestique. Le secteur pétrochimique représente quand à lui 26 % des consommations. Le secteur de l’industrie (12 %), des transports (9 %) et de la raffinerie (8 %) se partagent le restant du gâteau mis à part les 1 % de GPL consommé dans le secteur agricole. Dans le rapport d’activité 2016 de l’Association mondiale du GPL (WLPGA), on apprend qu’en Amérique du Sud et en Amérique centrale, 68 % de l’énergie GPL consommée l’est au sein des foyers et sur ce nombre 85 % est consacrée principalement à la cuisson. En Asie, la moitié de la consommation de GPL est consacrée à des applications domestiques. A contrario, aux États-Unis et au Canada 60 % du GPL est utilisé dans le secteur agricole. Dans le secteur de la mobilité, on recense 25 millions de véhicules roulant au GPL : c’est l’énergie alternative la plus utilisée dans le monde.

Une production et une consommation mondiale en hausse

Les principaux producteurs de GPL dans le monde sont les États-Unis, l’Arabie saoudite et la Chine. À eux trois, ils délivrent près de 37 % des GPL produits dans le monde. Ce sont également les trois principaux consommateurs de GPL. D’après l’étude statistique annuelle « Statistical Review of Global LPG » éditée par la WLPGA et Argus Media, la production mondiale de GPL avoisine en 2015 les 292 millions de tonnes, soit une hausse de 4 % par rapport à 2014. Une tendance également suivie dans la consommation (284 millions de tonnes) où une hausse de 3,7 % (vs 2014) est également constatée, soit un écart de près de 8 millions de tonnes entre la production et la consommation. Cette différence s’explique en partie par une production de plus en plus importante aux États-Unis, premier producteur mondial de GPL, qui a produit entre 2010 et 2015 près de 20 millions de tonnes de GPL supplémentaires, mais aussi par la hausse des exportations en provenance d’Iran et de Russie. Une croissance de la demande est également constatée pour la deuxième année consécutive sur le marché Asie-Pacifique. La Chine a dépassé le Japon en tant que plus grand importateur en Asie du Nord-Est grâce à la hausse de la consommation dans l’industrie pétrochimique du pays, complétée par une demande résidentielle et industrielle élevée. Le Japon importe 10,6 millions de tonnes par an alors que la Chine importe à présent 12 millions de tonnes contre 7,1 millions de tonnes en 2014.

Non négligeable également, la demande mondiale de GPL carburant qui a atteint en 2015 plus de 26,3 millions de tonnes, soit une hausse de presque soit 2 %. Si la croissance a été clairement constatée en 2015, elle provient principalement de petits marchés comme l’Espagne, le Tadjikistan, l’Estonie et le Bangladesh alors même que la Corée du Sud, premier consommateur de GPLc au monde, a connu une baisse de sa demande.