Le gaz naturel est un atout pour la transition énergétique

Luis Beltrán, Président de l'UIG

Publié le 14/01/2017

9 min

Publié le 14/01/2017

Temps de lecture : 9 min 9 min

Récemment élu à la tête de l’Union internationale Gazière, Luis Beltrán revient pour Gaz d’aujourd’hui sur les missions de l’organisation et évoque l’importance de communiquer autour des atouts du gaz. Interview.

Par Laura Icart

 

Luis Beltrán, vous êtes le nouveau secrétaire de  l’Union internationale du gaz (UIG). Quelles sont les missions du secrétaire général de l’UIG ?

Luis Beltrán : Le secrétaire général dirige par définition le secrétariat général de l’UIG. Je dois assurer la gestion du budget, le suivi des comptes et j’ai en charge les responsabilités juridiques et financières de l’association. À titre d’exemple, je m’occupe avec mon équipe d’organiser les différentes élections au sein de notre organisation pour les postes de vice-présidents et de secrétaires dans les comités de l’UIG mais également de la nomination des membres du comité de direction. Je participe également à l’organisation des événements majeurs de notre association que sont la conférence-exposition triennale sur le gaz naturel liquéfié (GNL), l’IGRC (International Gas Union Research Conference) et le Congrès mondial du gaz. Le secrétaire général participe activement à la stratégie de l’UIG durant son mandat, c’est la tâche à laquelle je m’attèle actuellement. Enfin, en tant que secrétaire général, je représente l’UIG au sein des institutions internationales.

Le secrétariat général de l’UIG se trouve désormais à Barcelone. . Est-ce une étape importante pour l’Espagne ?

L’industrie du gaz naturel espagnole représentée par Sedigas est un membre actif de l’UIG depuis 1961. Aujourd’hui, notre industrie a une dimension internationale. Accueillir le secrétariat de l’UIG est une grande marque de reconnaissance pour nous, les représentants du gaz naturel espagnols, car nous avons œuvré pour développer le gaz naturel dans notre pays et cela nous donne une visibilité importante et nous permet aussi de franchir une nouvelle étape. Nous allons avoir plus d’influence dans les activités de l’UIG et dans l’industrie gazière en général. Nous allons pouvoir participer activement aux recommandations pour promouvoir la voix du gaz naturel dans le monde, mais aussi obtenir un meilleur accès à l’information et aux institutions internationales.

Nous souhaitons porter la voix du gaz naturel auprès des décideurs, des politiciens, des régulateurs et de la société civile

Quels sont les  grands axes de travail définis pour ces prochaines  années ?

L’UIG est en pleine évolution. Il y a trois axes de travail qui sont particulièrement importants pour moi et sur lesquels nous concentrerons nos efforts dans les années à venir. En premier lieu, nous souhaitons offrir plus de services à nos membres, afin qu’il y ait encore plus de valeur ajoutée à leurs adhésions. Aujourd’hui, 95 % de l’industrie gazière est déjà membre de l’UIG, nous voudrions agrandir ce nombre et élargir notre cercle avec des acteurs indirectement liés à l’industrie du gaz comme ceux du secteur financier. Le deuxième axe de travail est d’améliorer nos outils de communication et notre communication en général. Nous souhaitons porter la voix du gaz naturel auprès des décideurs, des politiciens, des régulateurs et de la société civile en général et montrer de quelle manière le gaz naturel peut contribuer à améliorer notre qualité de vie et lutter contre le changement climatique. Troisièmement, nous travaillons également à préparer notre organisation pour l’avenir. Nous cherchons à optimiser nos conférences et nos expositions, pour créer une image de marque UIG, notamment auprès de nos membres, mais pas seulement et décliner notre vision au travers de notre politique événementielle. En conclusion, dans les années qui viennent, nous allons revoir notre propre modèle organisationnel.

L’UIG publie chaque année une étude sur la qualité de l’air. Quelle incidence positive à l’utilisation du gaz naturel dans les villes ?

Effectivement, nous avons publié à la fin du mois de novembre une deuxième étude de cas pour améliorer la qualité de l’air dans quatre mégalopoles (1). Une troisième étude est prévue à la fin de l’année 2017. Lutter contre la pollution atmosphérique dans les zones urbaines est l’un des plus grands défis environnementaux et de santé publique que le monde d’aujourd’hui doit relever. Le monde doit impérativement sortir d’un mix énergétique composé de charbon et de pétrole ! Chacune de ces deux énergies émet plus de CO2, d’oxydes de soufre (SOx), d’azote (NOx) et de particules que le gaz naturel. Par conséquent, chaque fois que cela est possible, nous préconisons l’usage du gaz naturel en lieu et place des autres énergies fossiles, parce qu’il a une contribution positive sur l’air dans les villes. En 2050, 70 % de la population mondiale vivra dans les villes, c’est dire si l’enjeu est important ! Le niveau actuel de pollution dans les villes provoque chaque année des millions de décès prématurés selon l’OMS. Dans nos études de cas, nous avons souhaité mettre en avant de manière concrète, à travers des exemples précis, comment le gaz naturel contribue à améliorer la qualité de l’air lorsqu’il est substitué à d’autres énergies. C’est notamment le cas dans les secteurs des transports, du chauffage, dans la production d’électricité ou encore dans le domaine de la cuisson. Je le répète, la combustion du gaz naturel émet deux fois moins de CO2 que le charbon. Identifier les causes et les différents types de polluants est une nécessité pour construire des actions politiques efficaces. Dans nos études de cas, nous voulons montrer qu’il existe des solutions et nous espérons que des villes touchées par la pollution atmosphérique puissent s’en inspirer. Nos études ont été beaucoup reprises dans la presse internationale, preuve que le sujet est plus que jamais d’actualité. Dans la première édition, nous avons présenté des villes américaines et européennes. Cette seconde édition concerne exclusivement des villes européennes. Nous allons poursuivre ce travail et présenter d’autres études de cas afin de montrer aux villes que l’usage du gaz naturel, disponible et abordable, améliore sensiblement la qualité de l’air.

Dans son World Energy Outlook (WEO) 2016,  l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) dresse des perspectives positives pour le gaz naturel. Pourquoi le gaz naturel ne reçoit-il pas plus de soutien des décideurs politiques ?

Dans son dernier World Energy Outlook, l’AIE prend en considération les effets de toutes les politiques mises en place pour lutter contre les effets du changement climatique mais également les intentions, y compris les contributions prises par chaque État lors de la COP21 à Paris. On constate que la demande en gaz naturel progresse partout dans le monde. Même avec un taux de croissance anticipé de 1,5 %, qui est un peu inférieur de ce qui a été observé au cours des vingt-cinq dernières années (+ 2,5 %), le gaz naturel continue à avoir une croissance plus rapide que les autres énergies fossiles et augmente sa part dans une demande globale d’énergie primaire de 21 % aujourd’hui à 24 % en 2040. De ce fait, il n’y a aucune raison pour que le gaz naturel ne reçoive pas un plus grand soutien. De notre point de vue, c’est parce que le gaz naturel a été classé dans la catégorie énergie fossile. Notre nouvelle mission sera d’ailleurs de sensibiliser et d’expliquer aux décideurs politiques, aux institutions internationales et même à la presse que le gaz naturel est différent des autres énergies fossiles, de par notamment sa complémentarité avec les énergies renouvelables.

Comment le gaz naturel peut contribuer à atteindre une économie décarbonée ?

L’UIG soutient la transition vers une économie à plus faible teneur en carbone, conformément aux recommandations émises pendant la COP21 et nous sommes conscients que les énergies renouvelables joueront un rôle prépondérant dans cette transition. C’est aussi pour cela que nous sommes convaincus du rôle important que le gaz naturel peut jouer dans les années à venir, de par sa complémentarité avec les énergies renouvelables : il peut aider à relever le défi de la variabilité de la production saisonnière du vent et de l’énergie solaire. Des systèmes énergétiques basés sur le gaz naturel peuvent être intégrés avec les systèmes renouvelables thermiques et électriques pour offrir un autre type de système hybride. L’infrastructure existante de gaz naturel permet une utilisation plus large du biogaz, l’utilisation d’hydrogène renouvelable ou du méthane de synthèse comme support de stockage pour l’énergie renouvelable ou encore avoir un usage alternatif d’électricité renouvelable. Les systèmes au gaz naturel sont plus avantageux pour fournir de l’énergie propre et fiable aux secteurs résidentiels, tertiaires et industriels mais également comme carburant pour la mobilité terrestre et maritime. Le gaz naturel est un atout pour la transition énergétique car il permet l’intégration des énergies renouvelables dans des systèmes d’alimentation de plus longue durée. Le gaz est une énergie d’avenir aussi parce qu’il devient lui-même renouvelable sous forme de biogaz et de biométhane.

1 « Case Studies in Improving Urban Air Quality », 26 novembre 2016. L’étude présente des programmes déployés dans quatre mégapoles : Berlin, Dublin, Krakow et Rotterdam.