Le gaz est la seule alternative énergétique crédible face au diesel pour les véhicules industriels 

Jean-Claude Girot, Président de l'AFGNV

Publié le 21/02/2017

8 min

Publié le 21/02/2017

Temps de lecture : 8 min 8 min

Jean-Claude Girot, président de l’Association française du gaz naturel pour véhicules (AFGNV) et commissaire général du Mondial de l’automobile, revient pour Gaz d’aujourd’hui sur le potentiel de la mobilité gaz et les nombreux projets portés par son association pour la développer et la promouvoir. Rencontre.

Par Laura Icart

 

L’AFGNV connaît depuis cinq ans une forte croissance. Quels sont les objectifs et les grands projets de l’association pour l’année 2017 ?

Nous allons poursuivre le travail que nous avons engagé dans le secteur du transport de marchandises qui a connu ces dernières années un développement et une reconnaissance importante. Le gaz est vraiment la seule alternative énergétique crédible face au diesel pour les véhicules industriels. C’est dans cet esprit que nous allons continuer la promotion du gaz naturel pour le transport routier de marchandises, de voyageurs et pour la livraison urbaine. Une station GNV a été ouverte par mois en 2016. C’est historique ! Le déploiement des stations va encore s’accélérer en 2017. Nous souhaiterions également développer la filière des véhicules utilitaires légers et à terme celle des voitures particulières. Notre volonté et notre mission sont de montrer au grand public et aux pouvoirs publics que les véhicules utilitaires légers roulant au gaz naturel ont un vrai potentiel. Nous sommes notamment persuadés que les 250 stations annoncées dans notre plan avec des accès directs pour les véhicules légers seront autant d’éléments attractifs permettant de booster l’usage du GNV sur le marché des professionnels. Le gaz, mal connu, fait encore peur, notamment pour les particuliers qui confondent les termes et les usages. L’AFGNV entend, dans les prochains mois, se lancer dans une vaste campagne de communication afin de promouvoir la filière et son dynamisme, en mobilisant nos adhérents constructeurs de véhicules et en accompagnant nos partenaires gaziers pour tenir l’objectif de 250 stations opérationnelles en 2020. Gilles Durand, le secrétaire général de l’association a mis en place un relais d’information, via notre site Internet, extrêmement actif. Ainsi, nos adhérents et le grand public ont la possibilité d’être informés en temps réel de l’actualité de la filière en France. Enfin, nous lançons début janvier une série de web magazines avec nos adhérents dans la lignée des films que nous avions réalisés en 2015 pour mettre en valeur l’usage du GNV et du bioGNV sur nos territoires (www.transitiongnv.com). Deux grands événements sont à prévoir pour notre filière en 2017. En premier lieu, la Semaine internationale du transport et de la logique (SITL) qui aura lieu au mois de mars à Paris et le Salon international des professionnels du transport routier et urbain (Solutrans), à Lyon au mois de novembre, date à laquelle nous présenterons notre livre blanc du véhicule gaz à l’horizon 2020 réalisé en partenariat avec la Plateforme de la filière automobile (PFA) et la Fédération française de la carrosserie (FFC).

Le Mondial de l’automobile 2016 a donné une vraie visibilité à la mobilité gaz. Pensez vous que, désormais, le gaz est considéré comme un carburant alternatif plausible ?

J’ai cette impression. Cette année les essais des trois véhicules gaz au Mondial de l’automobile ont eu beaucoup de succès. La mobilité gaz, pour le grand public, est encore méconnue et souffre de beaucoup d’a priori, notamment au niveau de la sécurité, qui en masquent les avantages. Les pouvoirs publics ont eux aussi fait évoluer leur discours, notamment lorsqu’on parle de biométhane ou de biogaz. La venue de madame Ségolène Royal sur le stand de la mobilité gaz en est une parfaite illustration et une véritable reconnaissance. C’est une réelle satisfaction pour nous car j’ai la sensation que les pouvoirs publics ont pris conscience que le GNV est une alternative réelle et présente une complémentarité avérée avec l’électrique pour le transport de marchandises et de voyageurs. Ce ne sont pas des énergies concurrentes mais complémentaires. La présence d’un stand mobilité gaz au Mondial a donné de la crédibilité à la mobilité gaz et une grande visibilité pour les particuliers, même si ce n’est pas le marché dans lequel le gaz va se développer le plus vite. C’est quand même une étape importante. Les gens ont pris conscience que le gaz est une réalité pour la voiture. Plus autonomes et moins coûteuses que l’électrique, les voitures roulant au GNV trouveront, dans les années à venir, nous en sommes persuadés, leur public.

Quels sont les intérêts aujourd’hui à choisir le GNV dans le transport de marchandises et de voyageurs ?

Aujourd’hui, rouler propre est devenu une nécessité et les chargeurs veulent donner une image « durable » de leur produit. Cela passe aussi par le transport. Ils ont donc encouragé les transporteurs à s’équiper de véhicules gaz et se sont rendus compte que si celui-ci est plus cher à l’achat, il a des avantages certains, tels que le prix du carburant et une autonomie, notamment avec le GNL, comparable à celle du diesel. La limitation de la pollution sonore est également l’un des avantages. Les livraisons de nuit, notamment dans les centres-villes, par des véhicules roulant au GNV, sont très appréciées autant par les riverains que par les conducteurs eux-mêmes. Enfin, et surtout dirais-je, ils se préparent à l’interdiction d’utiliser du diesel dans les grandes villes, avec la possibilité de proposer une solution alternative pour assurer les livraisons. Il faut savoir que 87 % des marchandises que nous consommons tous les jours sont livrées par camion. Le gaz ouvre la route au biogaz et à l’ambition de rouler « décarboné ». Je peux vous affirmer que cela intéresse tout le monde et notamment les transporteurs et les chargeurs qui, dans les années à venir, devront rendre des comptes sur leurs émissions. 85 % d’émission de CO2, en moins pour le biogaz, aucun carburant ne le permet aujourd’hui pour les véhicules industriels. Je suis très satisfait du rapport de madame Delphine Batho qui avait auditionné l’AFGNV. J’ai la certitude que Madame Batho a écouté et surtout compris la filière. Elle a su s’approprier les enjeux et les intégrer dans son rapport. Aujourd’hui, c’est une alliée.

En septembre 2016, l’AFGNV s’est associée avec la FFC et PFA pour créer un groupe de travail « véhicules gaz ». Quels sont les objectifs de ce groupe ?

C’est un groupe de travail dont l’AFGNV assure la présidence et qui réunit un grand nombre d’acteurs de la filière du transport routier : tous les professionnels de la Fédération de la carrosserie, les constructeurs de camions et les énergéticiens qui fabriquent les solutions gaz, les fédérations du transport routier, la Fédération des chargeurs et celle du transport routier de voyageurs. Toute la chaîne de valeur de la mobilité est représentée. Notre objectif est la rédaction d’un livre blanc qui aura pour vocation de proposer le développement d’une filière d’excellence du véhicule gaz en France. Aujourd’hui nous avons des atouts, nous avons déjà beaucoup d’acteurs qui agissent dans le domaine du gaz, mais avec ce livre blanc nous avons surtout l’ambition de devenir le leader, au plan industriel, de la filière du gaz pour l’Europe. Sa sortie aura lieu en novembre 2017 lors du salon Solutrans et promet d’être un événement majeur pour notre filière. Il sera ensuite présenté aux pouvoirs publics et politiques.

Pourquoi L’AFGNV a pris position sur le manque d’ambition du cadre d’action national pour le développement des carburants alternatifs (Canca).

La directive européenne sur les carburants alternatifs (électricité, gaz naturel, GPL et hydrogène) est l’opportunité, pour la France, de porter une ambition nationale pour leur développement. Le travail qui a été accompli par l’AFGNV et ses adhérents est un travail de réflexion et d’identification des grands enjeux pour le carburant gaz. Nous avons abouti au projet d’un réseau de stations qui est réaliste et j’insiste sur ce point car nos adhérents l’ont partagé. L’annonce des pouvoirs publics de 80 stations à l’horizon 2020 nous semble un plancher très bas au regard de l’étude que nous avons produite et de l’enthousiasme et du dynamisme portés par notre filière ces dernières années. Les pouvoirs publics ont maintes fois annoncé leur volonté de développer les énergies alternatives et en réalité ils mettent beaucoup de moyens pour la filière électrique mais aucun pour celle du gaz. Nous trouvons gênant qu’une seule filière soit aidée financièrement et mise en avant. C’est donc avec l’ensemble de nos adhérents que nous allons porter un projet plus ambitieux pour le développement de notre filière.