GAZ c’est tiPAR!

Le compteur Gazpar est prêt à être déployé chez les consommateurs.

Publié le 11/07/2017

8 min

Publié le 11/07/2017

Temps de lecture : 8 min 8 min

Par Laura Icart

La modernisation du réseau de gaz naturel est en marche ! Après quinze mois de déploiement dans des communes « pilotes », le compteur communicant gaz de GRDF, plus connu sous le nom de Gazpar, débarque progressivement dans nos foyers. D’ici six ans, les 11 millions de clients gaz naturel seront équipés et connectés. Une petite révolution dans le domaine de la maîtrise d’énergie puisque désormais le client disposera de ses données de consommation quotidienne. Tour d’horizon.

C’est début mai que le top départ du déploiement généralisé de Gazpar a été lancé dans plusieurs villes de France dont Brest et Reims. Si 165 000 compteurs ont été posés durant la phase pilote, le rythme s’est considérablement accéléré ces dernières semaines puisque GRDF prévoit la pose de plus de 500 000 compteurs supplémentaires d’ici la fin de l’année 2017. Une accélération rapide rendue possible par une phase pilote concluante qui a permis au distributeur de gaz français de familiariser, via un vaste travail de concertation mené sur le terrain, des dizaines de milliers de Français à l’arrivée progressive de Gazpar dans leurs foyers. Une démarche de pédagogie prônée par GRDF qui pourrait permettre à Gazpar de générer bien moins de polémiques que son comparse Linky.

Une phase pilote concluante

Si c’est en 2016 que les premiers compteurs ont été installés dans les quatre zones pilotes, soit vingt-quatre communes réparties en Normandie, Bretagne, Île-de-France et Rhône-Alpes, c’est en réalité bien en amont que les travaux autour du compteur communicant gaz ont commencé. « Dès août 2014, des comités de concertation locale ont été créés avec des élus, bailleurs sociaux, des associations de consommateurs et de locataires et les équipes de GRDF. L’objectif : présenter le projet Gazpar et construire un parcours client adapté aux besoins de chacun » explique à Gaz d’aujourd’hui Christophe Rocher, en charge de la communication du projet Gazpar chez GRDF. « C’est une étape essentielle car ce sont ces acteurs que nous avons sensibilisés qui vont contribuer à relayer l’information sur le terrain, répondre aux clients et les accompagner pour que Gazpar devienne un outil de maîtrise des consommations. C’est d’ailleurs le sens des expérimentations ʺmaîtrise de l’énergieʺ menées avec certains de ces acteurs, en lien avec l’Ademe» souligne-t-il. L’anticipation et l’instauration d’une relation de proximité avec les consommateurs dans les territoires, c’est semble-t-il la recette du succès de cette phase pilote qui a permis selon Christophe Rocher de « conforter le choix de GRDF tant sur les aspects techniques du compteur que sur le processus mis en place pour transmettre et vulgariser l’information auprès de nos clients ». Une efficacité sur le terrain avérée et un retour client satisfaisant a conduit GRDF à maintenir les mêmes dispositifs lors du déploiement généralisé.

Une généralisation progressive

« Le processus de généralisation a été enclenché dans les huit régions, GRDF couvrant l’ensemble du territoire métropolitain », souligne Christophe Rocher qui précise que le rythme va s’intensifier dans les prochaines semaines et atteindra, en rythme de croisière (2019), environ 200 000 poses par mois. Dans chaque région, GRDF procède par un phénomène dit de « tâche d’huile » en ciblant une zone précise (en général assez dense) et en la saturant. Le déploiement se fait ensuite par propagation autour de la première zone « déployée ». Plus concrètement, cela signifie qu’au sein d’une même agglomération, des zones peuvent être entièrement traitées alors que d’autres attendent encore. C’est le cas par exemple pour Toulouse et sa métropole, où le déploiement durera six ans. Si l’installation des compteurs a bel et bien commencé, son achèvement complet n’est prévu dans la ville rose que début 2023. Une des premières villes hors zone pilote à être partiellement équipée a été Reims, avec la pose du premier compteur le 2 mai dernier. Depuis, c’est près de 12 000 compteurs1 qui ont été posés dans la région Grand Est, dont une grande partie à Reims. Une ville où le compteur Gazpar est un peu chez lui, puisque c’est dans « la belle endormie » que seront fabriqués 3,6 millions de compteurs, soit près du tiers des futurs compteurs installés. L’année prochaine, GRDF prévoit la pose de 1 million d’installations puis, à partir de 2019, ce seront en moyenne 2 millions de compteurs qui seront installés, jusqu’à avoir remplacé les 11 millions de compteurs à gaz de l’Hexagone début 2023.

Une relation client maîtrisée

Chaque ménage concerné se verra adresser, environ un mois et demi avant l’intervention, un courrier d’information. Ce dernier détaillera notamment les raisons et les modalités de l’installation de Gazpar. C’est ensuite une société prestataire de services qui entrera en contact avec le client pour fixer les modalités de l’intervention. « Si le déploiement des compteurs communicants gaz est prévu par des textes législatifs et réglementaires, nous souhaitons convaincre nos clients de son intérêt, aussi. Si nous faisons face à un refus, nous entrons en contact avec lui pour expliquer la démarche et les avantages dont il pourrait bénéficier, tel qu’un suivi quotidien, une meilleure maîtrise de sa consommation d’énergie ou encore une tarification plus précise » explique Christophe Rocher. Une stratégie efficace d’après GRDF qui a fait face à très peu de refus en zone pilote. L’entreprise précise toutefois qu’en cas de refus, elle respectera l’avis final du client. « L’important pour GRDF c’est que chaque client s’approprie sa consommation quotidienne d’énergie, c’est le but de ce projet ! Gazpar est une étape majeure en faveur de la maîtrise de l’énergie » conclut Christophe Rocher.

Accompagner l’émergence d’une filière industrielle d’excellence

Si peu de communication est faite sur le sujet, il s’agit bien d’un enjeu fort pour GRDF mais aussi pour la France puisque le distributeur a la volonté de participer à l’émergence d’une nouvelle filière industrielle d’excellence. Une filière qui, pour Christophe Rocher, devra « refléter un savoir-faire à la française susceptible d’accompagner le développement des compteurs communicants dans le monde ». « GRDF a des échanges réguliers avec des porteurs de projets à l’étranger qui sont intéressés par notre expertise sur le comptage évolué » ajoute-t-il La majorité des emplois liés à la fabrication de Gazpar sont localisés en France, où tous les assemblages finaux et une partie de la fabrication sont réalisés par plusieurs entreprises implantées en Alsace, en Bretagne et en Champagne-Ardenne. Il s’agit de Sagemcom, Dielh Mettering, Itron et Kerlink.

Quel retour sur investissement ?

Le bilan économique de ce vaste chantier, estimé à 1 milliard d’euros, est positif selon GRDF, à l’échelle de la société grâce aux économies d’énergie engendrées par une meilleure connaissance des consommations. « La CRE estime que ces économies d’énergie s’élèveront à 1,5 % » précise Christophe Rocher. L’investissement consenti par GRDF sera quant à lui en grande partie couvert par la connaissance plus fine que le distributeur aura du réseau dont il gère l’exploitation, par exemple pour y injecter du biométhane. Les coûts qui ne seront pas couverts par cette optimisation du système gazier seront intégrés au tarif de distribution, pour une hausse de la facture du client d’environ 0,3 % par an, soit 2 à 3 euros en moyenne.

Christophe Rocher souligne tout de même que « si la question des ondes, tout comme celle liée à la confidentialité des données, sont parmi les plus récurrentes chez les clients, nous nous efforçons d’y répondre avec pédagogie ». GRDF aura en 2023 établi un contact avec ses 11 millions de clients, une véritable petite révolution pour l’entreprise pour laquelle Gazpar a un rôle prépondérant à jouer dans un système énergétique en mutation permanente, vers l’émergence des smart gas grids et vers toujours plus de décentralisation.

1 À mi-juillet 2017.