1,2,3 biogaz…

Publié le 10/01/2015

3 min

Publié le 10/01/2015

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Lorsqu’on parle d’énergies renouvelables en Afrique on pense souvent au solaire ou à l’éolien. Cependant, un potentiel existe aussi en termes de biogaz, notamment dans les zones rurales et isolées. Au même titre que le GPL, le biogaz présente de solides atouts pour préserver l’environnement et améliorer la précarité énergétique.

Par Laura Icart

La matière organique nécessaire pour produire du biogaz est disponible sous différentes formes le continent, qu’il s’agisse de biogaz provenant des décharges ou de gaz d’enfouissement, de déchets humains, de déchets alimentaires ou de matières agricoles et, enfin, qu’il s’agisse de biogaz naturellement produit, tel que celui répertorié dans les lacs au Rwanda et au Cameroun.

Des projets multiples et variés

Les populations rurales d’Afrique subsaharienne ont été parmi les premières à bénéficier du développement du biogaz sur le continent avec la mise en place de biodigesteurs permettant à de nombreux ménages de subvenir à leurs propres besoins énergétiques (cuisson et éclairage). Souvent le fait de partenariats entre des ONG et des entreprises, l’installation de biodigesteurs a modifié le mode de vie de nombreux Africains et notamment des femmes. Un programme financé par deux ONG hollandaises (comment s’appellent-elles ?) a par exemple permis depuis 2009 l’installation de 3 500 biodigesteurs au Burkina Faso, un pays où 80 % de la population pratique l’élevage.

Si le biogaz s’est en premier lieu développé dans les zones rurales, où les populations plus isolées l’utilisent pour leur consommation domestique, son usage s’étend aussi aux zones urbaines et dans le secteur industriel. En Afrique du Sud, la société Elgin Fruit Juices utilise la pulpe de fruit inutilisée dans le processus de production du jus comme matière première pour la digestion anaérobie, avec une installation qui produit jusqu’à 500 kilowatts d’électricité renouvelable. Au Rwanda, l’État a équipé la moitié de ses prisons d’un système utilisant du biogaz lui-même fourni par la fermentation anaérobie des excréments produits par les détenus, pour cuisiner et s’éclairer. Au Cameroun, plusieurs hôpitaux se sont équipés de leur propre méthaniseur pour alléger leur facture énergétique. Depuis juin 2015, la ville de Fès au Maroc produit de l’électricité à partir d’une centrale électrique au biogaz issue de la valorisation des déchets ménagers de la ville. D’une puissance de 1,12 mégawatt, cette centrale couvre déjà le tiers des besoins de la ville et doit arriver à terme à en couvrir l’intégralité (3,5 MW). Plus récemment encor, en août 2015, l’entreprise kenyane Tropical Power Energy Group a lancé, à Naivasha, la plus grande centrale à biogaz du continent, d’une capacité de 2,6 MW, alimentée à partir de matières agricoles (50 000 tonnes). Son objectif est d’installer 130 MW d’énergie propre d’ici 2018, au Kenya mais aussi au Ghana.

En résumé, si l’Afrique offre un vaste potentiel, l’utilisation du biogaz y est encore marginale. Son développent semble tout de même prompt à s’accélérer tant les pays africains cherchent des solutions efficientes pour lutter contre le réchauffement climatique. Cette filière a les moyens de s’implanter durablement dans le paysage énergétique africain.

 

QU’EST CE QU’UN BIODIGESTEUR ?
Le biodigesteur  est un dispositif technique utilisé pour produire du biogaz, un mélange de gaz (principalement du méthane) produit par des bactéries digérant de la matière organique dans des conditions anaérobie. Il existe différents types de biodigesteurs, certains traitant les déjections animales uniquement, d’autres les excréments humains, d’autres encore étant mixtes.