L’Afrique de tous les possibles

Publié le 07/01/2016

4 min

Publié le 07/01/2016

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Dans son scénario central, l’AIE estime que la part du gaz naturel dans le mix énergétique africain sera multipliée par trois pour atteindre 11 % en 2040. Elle prévoit même que la production de gaz naturel en Afrique subsaharienne sera supérieure à celle de la Russie en 2040. C’est dire si les énergéticiens ont les yeux tournés vers le continent.

Par Laura Icart

Le secteur gazier africain affiche une croissance exponentielle et les découvertes en Afrique subsaharienne confirment cette tendance. C’est bien dans cette partie du continent que les plus grands défis sont à relever. Si L’Afrique dispose de réserves de gaz naturel prouvées et d’une production annuelle de gaz naturel conséquente, l’instabilité politique, la volatilité des prix du gaz sur le marché mondial, le manque d’infrastructures appropriées et d’une main-d’œuvre compétente sont autant de freins à son développement.

De grandes découvertes

Près de 30 % des découvertes mondiales de pétrole et de gaz de ces dix dernières années proviennent d’Afrique. En mai, la compagnie américaine Kosmos Energy a confirmé avoir découvert d’importantes quantités de gaz naturel, sur une surface de 90 km², à 1 600 mètres de profondeur au large de la Mauritanie. Les prospections sont toujours en cours pour déterminer le potentiel gazier du gisement. En septembre 2015, c’est en Égypte que l’italien Eni a annoncé la découverte d’un « super géant » baptisé Zorh d’un potentiel estimé à 30 milliards de pieds de cubes de gaz. Ces réserves ouvrent la perspective d’une autosuffisance en gaz pour le pays. L’italien n’en est pas à sa première : entre 2013 et 2014, le groupe a annoncé des découvertes estimées à 224,8 millions de barils équivalent pétroles (bep) au Gabon et 700 millions de bep au Congo. Sans compter la découverte phénoménale au Mozambique

En effet, les découvertes les plus prometteuses ont été faites en Afrique de l’Est. Entre 2010 et 2014, plusieurs gisements offshore ont été découverts au large du Mozambique avec un potentiel estimé à 5,6 trillions de mètre cubes, et de la Tanzanie, dont les réserves sont estimées à 1,5 trillion de mètres cubes, laissant présager de belles perspectives notamment au niveau des exportations pour le GNL. Cependant, même si le potentiel est là, ces gisements offshore nécessitent des infrastructures, des moyens humains et des investissements financiers très importants. La capacité à mobiliser de tels moyens, alors que les prix du marché sont très volatils, demeure encore incertaine.

Des infrastructures en développement

De grands projets d’infrastructures sont actuellement en cours : le gazoduc transsaharien long de 4 200 km, d’une capacité annuelle estimée de 20 à 30 milliards de mètres cubes, maintes fois annoncé et repoussé, devrait relier l’Algérie au Nigéria en passant par le Niger. En octobre 2015, l’armateur gazier Golar a annoncé son intention d’investir 1,3 milliard de dollars pour convertir le méthanier Hili en une installation flottante de GNL installée au large de Kribi, au Cameroun, et qui aura une capacité de production annuelle de 1,2 million de tonnes de GNL. Les premières exportations sont annoncées pour septembre 2017. En Namibie, le projet électrique portant sur la production de 1 050 mégawatts d’électricité produite à partir du champ gazier de Kudu, dont le coût est estimé à 1,3 milliard de dollars, est lui annoncé pour 2018.

Des travaux de modernisation du réseau de transport et de distribution du gaz naturel sont également en cours en Tunisie, tout comme l’expansion de la centrale électrique d’Azito en Côte d’Ivoire, en une centrale à cycle combiné de plus de 400 mégawatts. En 2014, le Maroc a annoncé 4,6 milliards de dollars d’investissement pour développer le GNL, avec entre autre la construction d’un nouveau terminal méthanier ainsi que d’autres infrastructures et avec la volonté de faire passer de 10 % à 30 % la part du GNL dans le mix énergétique marocain.

Découvertes gazières de grande ampleur, constructions d’infrastructures de stockage et de distribution, modernisation de ses outils de production, coopérations interrégionales : ce sont autant de facteurs qui détermineront la place qu’occupera l’Afrique dans le mix énergétique mondial.