GNL : la nouvelle donne

Méthanier brise-glace Christophe de Margerie.

Publié le 15/01/2018

3 min

Publié le 15/01/2018

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Engie et Total ont signé un accord portant sur un projet d’acquisition du portefeuille d’actifs amont de gaz naturel liquéfié (GNL) d’Engie pour une valeur d’entreprise de 1,49 milliard de dollars.

Par Laura Icart

Le groupe Engie a reçu une offre ferme et irrévocable de Total pour la vente de ses activités amont GNL, pour une valeur totale de 2,04 milliards de dollars, incluant un complément de prix pouvant aller jusqu’à 550 millions de dollars, qui sera versé par Total en cas d’amélioration des marchés pétroliers dans les prochaines années. Ce portefeuille comprend des participations dans des usines de liquéfaction et notamment la participation dans le projet Cameron LNG aux États-Unis, des contrats d’achat et de vente à long terme de GNL, une flotte de méthaniers ainsi que des droits de passage dans des terminaux de regazéification en Europe.

« L’acquisition du business amont GNL d’Engie donne l’opportunité à Total d’accélérer le déploiement de sa stratégie intégrée sur la chaîne gazière, sur un marché du GNL offrant une forte croissance de l’ordre de 5 à 6 % par an. La combinaison des deux portefeuilles est très complémentaire et va permettre au groupe de gérer un volume de GNL de près de 40 millions de tonnes (MT) dès 2020, faisant de Total le deuxième acteur mondial du secteur parmi les majors avec 10 % du marché mondial », a déclaré à l’occasion de cet accord Patrick Pouyanné, président directeur général de Total.

Un accord gagnant-gagnant

Du côté d’Engie, comme de chez Total d’ailleurs, même son de cloche : cet accord était idéal pour les deux plus grands énergéticiens français qui tous deux y trouvent leur compte. Engie a affiché clairement sa volonté de se concentrer sur des activités régulées et contractées tandis que Total estime que la volatilité des prix est depuis toujours son cœur de métier.

Un portefeuille conséquent pour Total

Avec cet accord, Total va récupérer une capacité de liquéfaction de 2,5 MT, venant renforcer sa capacité globale qui devrait atteindre les 23 MT par an en 2020, à travers une participation de 16,6 % dans l’usine de liquéfaction de Cameron LNG, dont trois trains de 4,5 MT par an sont actuellement en cours de construction en Louisiane, avec un potentiel d’expansion de deux trains supplémentaires. Pour le groupe français, déjà propriétaire de plusieurs gisements aux États-Unis, cette part supplémentaire va lui permettre de produire du gaz sur le sol américain. À noter également une participation de 5 % dans le premier train d’Idku GNL en Égypte.

Il récupère aussi un portefeuille de contrats d’achat à long terme de GNL et de vente permettant de porter le portefeuille global du groupe à 28 MT par an en 2020 avec un approvisionnement diversifié entre Algérie, Nigeria, Norvège, Russie, Qatar et États-Unis et des débouchés équilibrés entre Europe et Asie, mais aussi un accès à des capacités de regazéification de 14 MT par an en Europe, qui, combinées aux 4 MT par an détenues par Total, doivent permettre au groupe d’équilibrer le portefeuille consolidé d’achat et de vente. Enfin, l’accord prévoit la cession d’une flotte de dix méthaniers qui viendront s’ajouter aux trois déjà détenus par le groupe. Interrogé par Gaz d’aujourd’hui, Total précise que « la consolidation de [sa] flotte va [lui] permettre de gagner en autonomie et en flexibilité, avec la possibilité de rediriger les méthaniers à [leur] gré sur le marché ».

Si l’accord prévoit également qu’Engie devienne le fournisseur prioritaire de Total  pour le biogaz et l’hydrogène renouvelable, il semblerait que pour le moment aucun projet concret ne soit à l’ordre du jour.