Créer une équipe de France du GNL carburant maritime et fluvial !

Alain Giacosa, Plateforme GNL fluvial et maritime

Publié le 10/08/2017

4 min

Publié le 10/08/2017

Temps de lecture : 4 min 4 min

Cette année a été lancée en France une plateforme interprofessionnelle promouvant le GNL carburant maritime et fluvial. Sa première assemblée générale s’est réunie en juillet. Alain Giacosa, son directeur évoque pour nous son rôle et ses projets à venir.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

La plateforme capitalise un grand nombre de professionnels du secteur gazier et du monde maritime et fluvial. Pouvez-vous nous rappeler quels sont les enjeux actuels autour du GNL carburant ?

Les enjeux sont en premier lieu environnementaux : le GNL va permettre de réduire de manière significative les émissions dans l’atmosphère du transport maritime et fluvial. Au niveau international, l’Organisation maritime internationale (OMI) a décidé, à partir de 2020, de réduire la teneur en soufre dans tous les carburants marins. Le GNL est le carburant alternatif qui va bien au-delà des exigences de l’OMI fixé à 0,5 %. Le GNL permet aussi de réduire considérablement les émissions d’oxyde de soufre (NOx) et de particules fines. Même constat pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de l’ordre de 20 %. De plus, si on fait le ratio tonnes/kilomètres d’un navire voguant au GNL, c’est le carburant qui émet le moins de rejets dans l’atmosphère. En clair, c’est le carburant alternatif disponible immédiatement qui a le meilleur bilan environnemental. Si le gain environnemental est réel, son utilisation nécessite des investissements importants de la part des armateurs, des ports et une logistique de distribution du GNL qui reste à créer. Il y a des actions à entreprendre comme le transport modal vers le transport maritime et fluvial qui améliorera encore le bilan environnemental en allégeant un trafic routier extrêmement dense. Ils sont aussi industriels. Historiquement, l’industrie française est très présente dans le domaine du GNL, avec notamment Technip ou Sofresid, mais aussi avec des équipementiers comme GTT, sans oublier l’industrie de la construction navale. À ce titre, le savoir-faire français en la matière représente un vivier d’emploi non négligeable. Autre enjeu important : l’attractivité des ports français. En compétition avec les ports internationaux, il est nécessaire pour nos ports d’aller au-delà de la simple question du volume de soutage, en offrant une gamme de carburant la plus large possible, dont le GNL, pour générer un trafic supplémentaire.

Et pourquoi la création d’une telle structure en France ?

Pour fédérer tout simplement l’ensemble des acteurs (armateurs, ports, fournisseurs de gaz) de la filière mais aussi les pouvoirs publics. Il faut créer une équipe de France du GNL carburant maritime et fluvial ! Notre objectif est de mettre en place des mesures qui vont favoriser les investissements en faveur du GNL carburant maritime et fluvial.

Vous avez été nommé directeur de la plateforme à l’occasion de l’assemblée générale. Quel est votre parcours et votre expérience du GNL ?

J’ai travaillé pendant trente-deux ans dans le domaine des infrastructures gazières, en commençant à l’aval sur les réseaux de distribution et en remontant toute la chaîne gazière jusqu’aux usines de liquéfaction. Depuis 2001, je travaille spécifiquement dans le domaine GNL : d’abord au sein de GDF, où je m’occupais de l’analyse technique des installations mondiales de GNL puis, entre 2003 et 2007, lorsque j’ai occupé un poste à la direction en charge des terminaux français. Depuis 2007, j’ai rejoint le groupe Total où je me suis occupé successivement des terminaux d’importation au sein de la branche gas and power et des technologies et de l’innovation pour les usines de liquéfaction au sein de la branche exploration-production. Je participe également depuis sa création, en 2008, à la commission GNL de l’AFG. J’en assure d’ailleurs la présidence depuis 2010.

On assiste à une mobilisation de plus en plus forte des États autour du GNL carburant. Pourquoi maintenant ?

Tout simplement parce que tout se joue actuellement ! Le « Global Cap » [limitation globale des émissions de soufre des navires de 3,5 % à 0,5 %, NDLR], a été confirmé pour 2020. C’est donc maintenant que les armateurs doivent prendre des décisions. Le contexte politique est favorable et il est nécessaire que la France offre les services de soutage dans ses ports à la flotte mondiale. Il faut se saisir de cette opportunité pour offrir des services qui inciteront les armateurs à sa convertir au GNL. La France peut jouer un rôle moteur dans cet engouement mondial autour du GNL carburant maritime et fluvial.