Biométhane : tous les signaux sont au vert !

Système d'épandage agricole.

Publié le 21/01/2018

4 min

Publié le 21/01/2018

Temps de lecture : 4 min 4 min

Le secteur de l’énergie subit une profonde transformation et son avenir tend vers une plus faible teneur en carbone. Dans cette nouvelle configuration et afin d’accélérer la transition énergétique, tous les observateurs s’accordent sur ce constat : le biométhane est appelé à jouer un rôle majeur. Analyse.

Par Laura Icart

 

D’après le cabinet américain Transparency Market Research (TMR) qui a publié, en juillet 2017, une étude intitulée « Biomethane market, Global Analysis, size, share, growth, trends and forecast 2017 – 2025 », le marché du gaz dit « vert » pourrait atteindre les 2,6 milliards de dollars d’ici à 2025, contre une estimation de 1,5 milliard de dollars en 2016. La filière du biométhane serait donc créditée d’un taux de croissance annuel moyen de 6,7 % entre 2017 et 2025.

Un marché mondial porteur

Son développement est porté par les usages dans le secteur de la mobilité mais aussi par la production d’électricité et par des technologies de plus en plus matures, capables de proposer des solutions alternatives, incluant des énergies renouvelables (EnR), indispensables dans la lutte contre le changement climatique. D’après l’étude de TMR, l’Europe et l’Amérique du Nord sont les principaux producteurs et consommateurs de biométhane. Certains pays européens comme la Suède, la Suisse, l’Allemagne et la France, sont considérés dans l’étude comme des marchés nationaux clés de production de la filière. La production pourrait aussi augmenter « de manière significative » dans les marchés d’Asie pacifique et d’Amérique latine, selon TMR, qui met en avant l’intérêt de voter des lois favorables et des programmes incitatifs financièrement pour développer de manière pérenne la filière.

Où en est-on en France ?

Si la France reste loin derrière son voisin allemand, elle s’est tout de même fixé un objectif ambitieux de 30 % de biogaz dans la consommation totale de gaz à l’horizon 2050. Récemment, Engie a même évoqué la possibilité de 100 % de gaz vert à l’horizon 2050. Le gaz vert est selon l’Association française du gaz (AFG) l’une des trois filières d’excellence sur laquelle l’industrie gazière mise beaucoup : parce que les technologies sont matures, parce que de nouveaux usages autour se développent et que les réseaux sont prêts à le recevoir.

Les acteurs gaziers sont prêts

En 2017, on recensait en France 35 sites d’injection de biométhane dans les réseaux de gaz, avec une capacité d’injection s’élevant à 574 gigawattheures (GWh) par an pour une production avoisinant les 0,05 % de la consommation française de gaz. Cela peut sembler peu et pourtant cela représente déjà une augmentation de près de 40 % par rapport à la fin de l’année 2016. Les capacités installées ne cessent de progresser, 50 % du parc français est constitué de petites installations de moins de 15 GWh par an et plus de 300 projets attendent d’être développés, pour une puissance estimée de près de 7 000 GWh par an.

Un engagement des pouvoirs publics indispensable

Si le potentiel est réel, il faudra un engagement fort de l’État pour espérer atteindre l’objectif de 8 térawattheures (TWh) de gaz vert injecté dans les réseaux en 2023. En effet, de nombreux freins à l’expansion de cette filière demeurent : la lenteur et la complexité des démarches administratives pour obtenir le droit d’injecter, le financement des projets de méthanisation par des investisseurs privés reste compliqué, de même que l’accès aux subventions.
Plus de 90 % du potentiel « méthanisable » dans notre pays provient des exploitations agricoles. GRTgaz, la FNSEA (syndicat d’agriculteurs) et l’assemblée permanente des chambres d’agriculture (ACPA) ont défini, en décembre 2017, trois axes permettant d’accélérer le développement du biométhane dans nos territoires : en premier lieu, la possibilité d’offrir une formation aux agriculteurs souhaitant se lancer dans la méthanisation mais également un soutien plus accru de l’État en faveur des nouvelles technologies et de la R&D, notamment les smart grids et les installations de rebours.

Si le gouvernement d’Édouard Philippe a annoncé à la rentrée 2017 la prise en charge de 40 % des coûts de raccordement des installations de méthanisation agricole au réseau, les acteurs de la filière souhaitent obtenir davantage et notamment un cadre de régulation plus incitatif.