Biodiversité : un engagement de premier ordre pour TIGF

Publié le 15/01/2017

10 min

Publié le 15/01/2017

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TIGF (Transport et Infrastructures Gaz France, aujourd’hui Téréga) a organisé le 8 décembre dernier une journée consacrée à la biodiversité rythmée par deux tables rondes et des échanges avec différents acteurs institutionnels et associatifs. L’occasion pour l’entreprise de sensibiliser ses salariés et de mettre en avant son engagement  en faveur de la protection de la biodiversité.

Par Laura Icart

« La protection de la biodiversité fait partie de l’ADN de notre entreprise ! » C’est par cette phrase, ô combien symbolique, que Monique Delamare, directrice générale de TIGF, a ouvert le séminaire de l’entreprise consacré à la biodiversité et donné le ton de la journée. TIGF exploite plus de 5 000 kilomètres de canalisation en France, soit environ 14 % du réseau de transport de gaz français ainsi que deux stockages souterrains. Implantée en région Sud-Ouest, l’entreprise a fait de la préservation de l’environnement une de ses priorités.

Vers une prise de conscience des entreprises ?

Le taux d’extinction des espèces animales et végétales est aujourd’hui mille fois supérieur à la normale. Soixante-dix pour cent des services éco-systémiques étudiés dans le monde sont en déclin. Dans notre pays, un tiers de nos milieux sont créés artificiellement. Les entreprises d’infrastructures gazières, parce qu’elles ont une emprise directe sur le milieu, ont un rôle déterminant à jouer sur les territoires. On assiste semble-t-il ces dernières années à une prise de conscience de ces entreprises, qui affichent une volonté de préserver la biodiversité.

TIGF, une entreprise engagée

Le ministère de l’Écologie, du développement durable et de l’énergie (MEDDE) a reconnu l’engagement de TIGF dans la stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) en janvier 2014. Ses actions concrètes pour minimiser ses impacts sur les milieux pendant les phases de chantiers ont été récompensées. Ce label valorise également sa contribution à l’amélioration et au partage des connaissances sur le patrimoine naturel régional, avec par exemple un partenariat avec le Muséum national d’histoire naturelle pour la mise à disposition des nombreuses données d’inventaires « faune-flore ».

Les différents projets que TIGF met en place à travers le Cilb (Club infrastructures linéaires et biodiversité) – qui regroupe plusieurs gestionnaires d’infrastructures1 en nouant des partenariats avec le comité français de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), la Fédération de recherche pour la biodiversité (FRB) et différentes associations – fait partie des réussites saluées par le MEDDE. Cette reconnaissance a marqué une étape. Elle a surtout permis à TIGF de poursuivre ses efforts afin d’aller toujours plus loin dans l’anticipation de la prise en compte de la biodiversité en mode projet et dans l’envie de minimiser son empreinte environnementale et ce en allant parfois au-delà de la réglementation environnementale applicable. TIGF affiche clairement cette volonté de s’inscrire dans une logique de protection de son territoire en créant, au niveau local, des liens, du dialogue et des partenariats avec des acteurs associatifs, industriels et avec la société civile en général. Depuis quelques années, l’entreprise élabore ses projets dans le but de créer des chantiers responsables, en alliant sécurité des biens, des personnes, des activités humaines et respect de son environnement. Les enjeux sont importants. Ils sont tout à la fois économiques (les coûts humains et les matériels engagés sur des chantiers d’installations de canalisations étant importants), environnementaux (avec la traversée de milieux naturels sensibles) et sociétal (les populations riveraines devant être informées).

Éviter, réduire et compenser au quotidien

TIGF a intégré dans l’élaboration de ses projets une démarche dite « progressive », issue du Grenelle de l’environnement. Elle consiste à suivre le triptyque suivant : éviter dès que possible les milieux naturels sensibles ; réduire l’impact du chantier sur les ressources aquatiques et sur les milieux présentant des enjeux écologiques ; compenser, sous le contrôle d’écologues, les impacts qu’elle n’a pu éviter ou les réduire en transformant des milieux dégradés (friches, monocultures,…) en habitats propices au développement d’espèces.

Girland : un chantier responsable (2 pastilles photos-espèces)

Le projet Girland consistant en la pose d’une nouvelle canalisation de 58 km entre Captieux (Gironde) et le stockage de gaz de Lussagnet (Landes) a débuté en 2012. Cette artère gazière traverse 13 communes, 17 cours d’eaux et plusieurs zones sensibles d’un point de vue environnemental (milieux et espèces protégés). Des études menées dans le cadre du projet ont révélé la présence de 5 espèces végétales et 56 espèces animales sujettes à une protection au niveau national, principalement autour des cours d’eau et des zones humides (cistude d’Europe, rossolis intermédiaire, cuivré des marais…). Durant l’année de réalisation des travaux, des règles spécifiques visant à la préservation de la biodiversité sur la zone du chantier ont été respectées par tous les acteurs du projet. Le balisage et la signalisation des zones à protéger, la propreté des lieux, la prise de précautions nécessaires pour réduire le risque de pollution accidentelle ou encore la préservation des milieux aquatiques à travers la gestion des eaux pluviales, sont des mesures particulières qui ont été observées et qui ont contribué à la réussite du projet. La canalisation a été mise en service en 2013.

UN DEBARDAGE A TRACTION ANIMALE

Cette technique inédite pour TIGF consiste à employer des chevaux de trait pour ôter de la piste le bois coupé lors du débroussaillage (principalement du robinier faux-acacia, une espèce exotique envahissante). C’est un dispositif léger qui n’a presque pas d’incidences sur les sols, les berges du ruisseau et les milieux aquatiques. Elle a été utilisée sur le projet Girland.

Un rôle social à ne pas occulter

La société civile et particulièrement les populations riveraines des sites où ont lieu les chantiers doivent être informées des travaux en cours, dans un souci de transparence mais aussi de sensibilisation. TIGF a par exemple mis en place des animations pédagogiques pour présenter aux enfants le monde du gaz, leur expliquer le chantier et ses enjeux, les sensibiliser à la faune et la flore qui les entourent. Une exposition itinérante s’arrête dans les communes traversées. (Photo enfants-maquette)

Des partenariats multiples, des projets concrets

Si les partenariats sont difficiles à obtenir, ils sont souvent les garants de la réussite d’un projet. Ceux créés avec les conservatoires d’espaces naturels d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées ont permis la préservation d’espèces protégées situées sur l’emprise des canalisations et au-delà avec la mise en place d’une gestion spécifique commune. Avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), l’identification et le suivi des sites de compensation fonctionnent très bien. Quant au projet « flore locale et messicoles » mis en place avec la Fédération des conservatoires botaniques nationaux qui a pour objectif de développer une filière de semences d’origine locale pouvant être utilisées pour les remises en état après chantiers, il est en bonne voie.

L’interdépendance entre les entreprises et la biodiversité est une évidence. La nécessité de la prendre en compte relève d’un intérêt commun. Certaines ont intégré cette nécessité dans leur fonctionnement, d’autres commencent à le faire.

LA BIODIVERSITÉ POUR LES ENTREPRISES :
UN ENGAGEMENT TIMIDE MAIS GRANDISSANT

Antoine Cadi, Ligue pour la protection des oiseaux

« Seule une partie des entreprises françaises ont engagé des programmes en faveur de la biodiversité. Parmi les secteurs d’activités les plus engagés dans la protection de la nature, on trouve sans surprise l’industrie, l’énergie et les transports, lesquels participent le plus à sa dégradation. Sur les sept postes budgétaires consacrés par les entreprises à l’environnement, la biodiversité n’occupe que le sixième rang de leurs dépenses. Leur engagement en matière de protection de la biodiversité est donc encore timide. Surtout si l’on le compare à celui de leurs homologues anglo-saxonnes, qui ont pris une longueur d’avance dans l’intégration de la biodiversité à leurs stratégies. Toutefois, suite à la tenue du Grenelle de l’environnement, à l’évolution de la gouvernance environnementale et aux rendez-vous des conférences environnementales, la prise de conscience de l’importance de la biodiversité est en plein essor. Les entreprises qui n’ont pas encore intégré la biodiversité dans leurs décisions compromettent leur avenir. Elles ont pourtant tout à y gagner. En sauvegardant le monde du vivant, elles garantissent le développement durable de leurs activités. Il s’agit donc maintenant de se placer aux avant-postes et d’être parmi les premiers à bénéficier des opportunités offertes par la protection de la nature. »

 

UN TRAVAIL DE LONGUE HALEINE

Cécile Boesinger, chef du service développement durable et environnement TIGF

«  Nouer des partenariats stratégiques chez TIGF, c’est une véritable politique d’entreprise ! TIGF, de par son activité, est très engagée sur son territoire et s’en sent responsable. Les objectifs de ces partenariats sont de s’entourer d’experts, acteurs sur un territoire commun, afin d’améliorer nos pratiques de préservation de la biodiversité et de contribuer à une meilleure connaissance de celle-ci. Ces partenariats sont souvent conclus après des mois voire des années d’échanges, afin de bien se connaître et d’arriver à trouver un terrain d’entente présentant des intérêts mutuels, juste milieu entre ceux d’un industriel et ceux d’une association environnementale. Le résultat est très enrichissant pour les deux parties. Notre volonté est de poursuivre notre implication dans les partenariats en cours, notamment avec les gestionnaires d’espaces sensibles traversés par nos canalisations et développer des nouveaux partenariats régionaux et nationaux. »

 

 

 

 

1 ERDF et RTE pour l’électricité, GRTgaz et TIGF pour le gaz, RFF et LISEA pour le rail, Eiffage Concession et ASFA pour les autoroutes et VNF pour les voies d’eau.