Australie : La ruée gazière

Publié le 15/09/2016

3 min

Publié le 15/09/2016

Temps de lecture : 3 min 3 min

L’île-continent est devenue en quelques années le septième exportateur mondial de gaz naturel liquéfié. Mais ses ambitions se confrontent aussi à l’une de ses principales autres richesses : son patrimoine naturel. Saura-t-elle composer avec pour devenir cet eldorado gazier que tous les spécialistes semblent lui prédire ?

Par L.I

L’Australie pourra-t-elle détrôner un jour le Qatar en termes de production de gaz naturel liquéfié (GNL) ? Elle en prend clairement le chemin, si l’on en croit les chiffres : plus de la moitié des projets de centrales de liquéfaction actuellement en cours dans le monde sont australiens. Avec des réserves de gaz naturel prouvées de 3 500 milliards de mètres cubes, le pays des kangourous prévoit d’atteindre dès 2018 une capacité de production de GNL de 86 millions de tonnes contre 77 millions de tonnes pour le Qatar. Le champ Gorgon LNG, au large de Karratha (dans l’ouest du pays) et mené par l’américain Chevron, en dit long sur la confiance des investisseurs mondiaux. Alors que le premier cargo rempli de son gaz a pris la mer en mars 2016, sa production devrait atteindre à terme quelque 2,6 milliards de pieds cubes par an, selon le groupe américain. Depuis 2009, Chevron a investi 1 milliard de dollars australiens (environ 677 millions d’euros) dans la recherche et le développement. L’Australie lui paraît clairement un continent d’avenir. Logique : en dix ans, le septième exportateur mondial (avec près de 40 milliards de mètres cubes produit en 2015) a augmenté sa production de 28 milliards de mètres cubes, soit environ d’un tiers… rien de moins.

L’Australie choisit le gaz pour répondre aux enjeux environnementaux

Canberra a choisi son camp : celui du gaz plutôt que celui du charbon, matière première abondamment exploitée dont ses sous-sols regorgent mais largement décriée par les ONG et les partis politiques écologiques. Engie même, présente dans le pays de longue date, tente petit à petit d’en sortir. La centrale d’Hazelwood, située dans l’État de Victoria, a récemment défrayé la chronique : vieille de plus de soixante ans, ses infrastructures vétustes suscitent les critiques alors que son permis d’exploitation court jusqu’en 2033.

Last but not least : la production de GNL permettra au pays d’augmenter ses exportations vers l’Asie, le Japon, la Chine et la Corée du Sud principalement. Si les prix exceptionnellement bas du pétrole depuis un an et demi auraient pu dissuader les investisseurs et mettre à mal les ambitions du pays, le récent accord de l’Opep à Alger (qui devra être confirmé en novembre) sur une baisse de la production mondiale afin de soutenir les prix du brent devrait rassurer.

Certes soucieuse de son environnement, mais soumise aux pressions économiques par ailleurs, l’Australie devra aussi composer avec une législation stricte et une société civile extrêmement vigilante. De nombreux projets de fracturation hydraulique ont ainsi été montrés du doigt. D’autres, au large de ses côtes, sont scrutés à la loupe par les autorités : fin septembre, le britannique BP s’est vu demander un supplément d’informations environnementales sur son projet de forage dans la réserve marine de la Grande Baie australienne. L’eldorado a un prix.