Allô la Terre ? Ici Sentinel-5P

Publié le 12/04/2018
3 min
Le satellite Sentinel-5P a été lancé par l’Agence spatiale européenne, début octobre, dans le cadre du programme européen d’observation de la Terre baptisé Copernicus, avec pour mission l’étude de l’atmosphère. Après quelques mois dans l’espace à 800 km d’altitude, le satellite a livré ses premiers résultats en avril.
Par Laura Icart
« Il s’agit du sixième satellite du programme européen Copernicus, mais le premier dédié exclusivement au suivi de notre atmosphère. Ces premières images nous donnent un bon aperçu de ce qui nous attend. Elles ne représentent pas seulement une étape importante pour la mission Sentinel-5P, mais également un jalon important pour l’Europe » déclarait en décembre Josef Aschbacher, directeur des programmes d’observation de la Terre à l’Agence spatiale européenne (ESA).
Sentinel-5P mesure la concentration de différents gaz polluants tels que le monoxyde de carbone ou le dioxyde d’azote, produits par la combustion d’énergies fossiles en général, et le trafic routier en particulier. Mais il ne se contente pas pour autant des polluants atmosphériques, il surveille aussi l’évolution de la couche d’ozone et mesure la teneur de l’atmosphère en méthane, un important gaz à effet de serre. Si cette technologie n’est pas pour le moment capable de mesurer la teneur en dioxyde de carbone dans l’atmosphère, l’ESA travaille à intégrer cette mesure pour sa prochaine génération de satellites.
Le dernier né du programme Corpernicus renferme en son cœur un bijou de technologie : un instrument hypersensible baptisé Tropomi (abréviation de « Tropospheric Monitoring Instrument »). Cet instrument développé aux Pays-Bas peut cartographier différents éléments polluants comme le dioxyde d’azote, l’ozone, le dioxyde de soufre, le méthane ou le monoxyde de carbone qui affectent l’air que nous respirons, notre santé et le climat.
Établir une carte mondiale des polluants
Début décembre, Sentinel-5P a envoyé ses premières images de la pollution atmosphérique vers la Terre, lui qui est chargé d’établir une carte mondiale des polluants atmosphériques, avec une résolution pouvant aller jusqu’à 7 km par 3,5 pour certains d’entre eux. Grâce à Tropomi, le satellite délivre un niveau de précision et de détail jamais atteint auparavant. Si les chercheurs ont salué unanimement la qualité des données, pour la plupart d’entre eux, elles ne font que renforcer l’urgence de la situation. Les premières images montrant la quantité de dioxyde d’azote flottant au-dessus de l’Europe est très inquiétante, tout comme les hauts niveaux de pollution atmosphérique observés sur certaines parties de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique du Sud.
Toutes les données recueillies alimenteront la base « Copernicus Atmosphere Monitoring Service » et permettront de réaliser des prévisions de plus en plus détaillées pour aider les États dans la mise en œuvre de politiques environnementales. Si Sentinel-5P semble tenir toutes ses promesses après quelques mois à tourner autour de la Terre, les données transmises nous imposent une indispensable action.