A minima pour le climat !

Au Maroic, lors de la COP22, les 195 participants ont signé « l’appel de Marrakech »

Publié le 13/12/2016

4 min

Publié le 13/12/2016

Temps de lecture : 4 min 4 min

Le Maroc a accueilli du 6 au 18 novembre dernier la 22e Conférence des parties de la convention-cadre des changements climatiques (COP22) pour la mise en œuvre des objectifs de l’accord de Paris. Présentée comme une COP de l’action et de l’innovation, la COP22 de Marrakech a-t-elle permis de renforcer la mobilisation des acteurs étatiques et non-étatiques autour de la question climatique ? Éléments de réponse.

Beaucoup de volonté mais peu de décisions : c’est en substance le bilan de la COP22 de Marrakech dont le message le plus fort a été sans conteste l’adhésion unanime et sans faille des États à l’accord de Paris, concrétisée par une proclamation de soutien.

L’accord de Paris soutenu par l’ensemble des États

L’accord de Paris entrée vigueur le 4 novembre dernier, soit quelques jours avant l’ouverture de la COP22, a été qualifié de « tournant » dans l’histoire de l’effort de l’humanité, qui a « ouvert la voie à un avenir durable » selon Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) et Salaheddine Mezouar, le président de la COP22 et ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération. Ratifié par 110 pays et par l’Union européenne, émetteurs de plus des trois-quarts des rejets de gaz à effet de serre de la planète, l’accord de Paris sera concrètement en place à partir de 2020. Quelques pays se font attendre, notamment la Russie qui semble avoir adopté une politique du « laisser venir ».

Lors de cette COP, les 195 participants ont signé « l’appel de Marrakech » pour réaffirmer leur implication dans le dispositif planétaire et ce malgré l’élection de Donald Trump, climato-sceptique devant l’éternel, qui n’aura finalement eu aucun effet négatif sur le bon déroulement de la COP22 ; les signataires ont cela dit d’ores et déjà annoncé qu’ils resteront attentifs aux futures décisions du nouveau président américain dès sa prise de fonction en janvier.

De la bonne volonté…

Les États se sont mis d’accord entre eux pour définir les règles d’application et les modalités de l’accord de Paris d’ici 2018. Plusieurs points seront décryptés et clarifiés, notamment le calendrier et une plus grande transparence des pays sera demandée. Parallèlement à l’accord de Paris, chaque pays s’est engagé au travers de sa contribution nationale à mener une politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La COP22 a vu un grand nombre de pays soutenir la nécessité de construire des visions à l’horizon 2050 pour se rapprocher de la neutralité en gaz à effet de serre et accompagner les mutations économiques et industrielles nécessaires pour « immobiliser » le réchauffement climatique. L’Allemagne et les États-Unis ont ainsi montré l’exemple en publiant des plans ambitieux leur permettant de réduire leurs émissions de GES de manière significative : de plus de 85 % en 2050 par rapport à 1990 pour l’Allemagne, de l’ordre de 80 % pour les États-Unis. Une plateforme des stratégies 2050 concernant 22 États et 196 entreprises a également été lancée.

… mais peu de décisions concrètes

Côté financement, si les pays développés se sont engagés à mettre à la disposition des pays pauvres une dotation de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, les discussions sur les modalités d’utilisation des fonds demeurent difficiles, voire très compliquées. En effet, les États ne sont pas toujours d’accord entre eux sur les priorités. Les pays développés exigent qu’une priorité soit donnée à l’atténuation, avec la mise en place de politiques de lutte contre le réchauffement climatique à long terme, alors que les pays en développement qui affrontent déjà les conséquences du réchauffement demandent une plus grande part des fonds pour l’adaptation aux changements en cours sur leur territoire.

Malgré une bonne volonté unanime, aucune grande décision n’est ressortie de cette 22e COP. Les carences identifiées (répartitions des financements, limitation du seuil de réchauffement…) devront être traitées pour donner corps à cet engouement planétaire. La prochaine conférence des nations se déroulera fin 2017 à Bonn, en Allemagne et sera organisée par les îles Fidji.