À la conquête des glaces

Méthanier brise-glace, projet Yamal. – © DSME

Publié le 09/02/2017

5 min

Publié le 09/02/2017

Temps de lecture : 5 min 5 min

Yamal est un projet de liquéfaction de gaz naturel situé au cœur du grand nord russe, une région gelée sept à neuf mois par an et où la nuit dure trois mois. Ainsi, l’hiver, les équipes travaillent par – 40 °C, éclairées par des projecteurs. Gaz d’aujourd’hui a demandé à l’entreprise Total de faire la  lumière sur les conditions de ce chantier hors norme.

Où en est le projet Yamal LNG aujourd’hui ?

Lancé fin 2013, Yamal est l’un des projets de liquéfaction de gaz naturel les plus complexes mais également les plus compétitifs. C’est le dernier mega projet de GNL lancé avant la chute des prix des hydrocarbures. Cet été, avec nos partenaires russes et chinois, nous avons franchi une étape cruciale pour le projet : nous avons signé son financement. C’était un grand défi compte tenu de l’impossibilité d’emprunter en dollars, mais la compétitivité ainsi que l’importance stratégique du projet ont convaincu les investisseurs internationaux. 22 000 personnes travaillent sur site à Sabetta actuellement. Le progrès de la construction du premier train de l’usine de liquéfaction, qui en comptera trois au total, est déjà supérieur à 78 %. À ce stade, 58 puits ont été forés et les modules de construction pour le premier train sont en cours d’acheminement depuis les yards en Asie. Il est impératif de réussir leur livraison pendant cette période d’été où la route maritime est libre des glaces. Deux sur quatre cuves de stockage de GNL sont finies et testées. Les travaux de construction de la centrale électrique qui alimentera le site sont à 63 % de progression. En parallèle, l’édification des infrastructures du port nécessaires pour le transport de GNL avance conformément au planning.

Les premières livraisons de GNL fin 2017 sont-elles toujours d’actualité ?

Le projet avance très vite, ce qui est remarquable pour un projet de cette taille et notre objectif est toujours d’assurer le démarrage de premier train fin 2017. L’intégralité de la future production de Yamal LNG est déjà vendue sur des contrats de long terme (de quinze à vingt ans), principalement aux acheteurs asiatiques et également européens.

Pourquoi Yamal LNG  est-il qualifié de  défi technologique et logistique

C’est un projet d’une complexité au niveau logistique sans précédent. En collaboration avec nos partenaires Novatek, CNPC et Silk Road Fund, nous relevons un véritable défi technologique et réalisons un tour de force logistique.C’est un projet complexe car il se situe au-delà du cercle polaire, dans une région gelée sept à neuf mois par an, à l’écart de toute ville et de toute infrastructure pétrolière. Pour faciliter l’acheminement des équipements et des personnels, le port de Sabetta et un aéroport ont été construits et sont aujourd’hui opérationnels. Au cours des trois années à venir, le port de Sabetta devra permettre la livraison de 150 modules représentant 450 000 tonnes, transportés depuis l’Asie par une vingtaine de navires. Mais c’est aussi depuis ce port que le GNL sera exporté. Spécialement conçus pour le projet, quinze méthaniers brise-glace, d’une capacité de 170 000 m3 chacun, assureront le transport du GNL vers les marchés internationaux. Le premier bateau sera livré par un chantier sud-coréen fin 2016. Un challenge supplémentaire pour la construction est le permafrost. Comme le sol est gelé en profondeur et ne dégèle en surface que les mois d’été, l’usine sera construite sur des dizaines de milliers de pilotis enfoncés d’une vingtaine de mètres dans le permafrost. 

L’expédition du gaz s’effectuera par une nouvelle route maritime. Quel sera le parcours du gaz ?

Yamal LNG en effet inaugure une nouvelle grande route de transport maritime de GNL vers l’Asie grâce aux méthaniers brise-glace. Pendant la période d’hiver, ils assureront le passage de gaz via des terminaux en Europe où s’effectuera le transbordement du GNL vers l’Asie.

Deux routes sont possibles pour les méthaniers

Deux routes sont possibles pour les méthaniers

Parlez-nous de ces nouveaux bateaux baptisés méthaniers brise-glace, capables de naviguer en autonomie dans les glaces de l’Arctique ?

C’est une première mondiale. La participation des ingénieurs de Total à la conception des méthaniers a été déterminante pour répondre au challenge logistique que représente le transport de GNL sur une mer encombrée par les glaces. Le GNL de cargaison assurera la propulsion de méthaniers brise-glace à travers des glaces pouvant atteindre plus de 2 mètres d’épaisseur. Cela permet de limiter leur empreinte carbone tout en dotant les navires d’une puissance suffisante. Leur utilisation permettra d’accéder à l’usine de liquéfaction de Yamal LNG toute l’année, sans assistance de navires brise-glace, grâce à un système de navigation en marche avant pour les glaces dont l’épaisseur est inférieure à 1m50 et en marche arrière au-delà de cette épaisseur (et jusqu’à 2m10 d’épaisseur).