Méthanisation : l’Île-de-France met en service sa première unité spécialisée dans les biodéchets

L'unité territoriale Equimeth valorisera chaque année 25 000 tonnes de matières organique issues du territoire.

Publié le 17/09/2021

5 min

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CVE et Île-de-France Énergies ont inauguré le 16 septembre l’unité de méthanisation territoriale Equimeth. Implantée à Moret-Loing-et-Orvanne, en Seine-et-Marne, elle doit traiter annuellement 25 000 tonnes de matières organiques, dont la moitié de biodéchets. D’une capacité installée de 23 GWh par an, elle est l’un des plus importantes unités de production de biométhane dans la région francilienne et la première réalisation du groupe CVE en France.

Par Laura Icart

 

En Île-de-France, la méthanisation est un axe fort de la stratégie énergie-climat adoptée en juillet 2018, pour atteindre les objectifs en termes d’énergies renouvelables (EnR) fixés par la région, à savoir 40 % dans la consommation d’énergie francilienne d’ici 2030 et 100 % d’ici 2050. À horizon 2030, la contribution de la méthanisation est fixée à 5 TWh par an, soit 14 % des énergie renouvelables. Equimeth est le 26e site en injection à être mis en service sur le territoire francilien. 

Une première unité de méthanisation territoriale en Île-de-France

Initié en 2008 par la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, la communauté de communes de Moret-Seine-et-Loing et le constructeur Naskeo, ce projet avait pour but de trouver des débouchés aux fumiers équins, en concentration importante dans cette partie du département. Autrefois principalement utilisés dans les champignonnières franciliennes, sa gestion est devenue plus problématique ces dernières années alors que cette activité décroît, au contraire de l’activité équine qui, elle, augmente. Ce projet, repris en 2007 par CVE, intègre donc une partie de ces fumiers équins mais également des biodéchets et des co-produits agricoles issus de silo ou des poussières de céréales. Equimeth, qui injecte ces premières molécules de gaz vert dans le réseau de GRDF depuis le début de la semaine, a reçu successivement le soutien de la région (900 000 euros), de l’Ademe Île-de-France (680 000 euros) et du fonds européen Fesi (640 000 euros) qui finance des projets innovants au service de l’emploi, de la recherche, de la formation et de l’environnement sur un investissement global de 12 millions d’euros. Île-de-France Energies, l’opérateur de la transition énergétique de la région, est d’ailleurs partenaire du projet et est entré au capital de l’unité à hauteur de 15 %. « Une manière de soutenir le développement d’une méthanisation vertueuse sur le territoire francilien en étant pleinement impliqué dans le projet » souligne son directeur Raphaël Claustre. Equimeth, c’est également la première unité territoriale en injection du groupe CVE en France : « un aboutissement et un commencement » résume Pierre de Froidefont, co-président et fondateur de CVE, qui nourrit de grandes ambitions dans le développement de son activité biogaz avec une trentaine de projets en développement ou en construction en France. Si aujourd’hui le gaz vert ne représente que 2 % de l’activité de CVE, cette part est appelée à croître considérablement d’ici 5 ans « pour représenter 25 % de notre chiffre d’affaires en France ».

Près de la moitié des intrants sont des biodéchets

L’unité, dont la capacité installée avoisinera les 23 GWh par an, sera une fois sa capacité maximum atteinte, l’une plus grandes de la région francilienne, capable de valoriser 25 000 tonnes de déchets dans le département (restes de cantines, de restaurants, centres équestres, industries agroalimentaires…), « soit l’équivalent de deux fois les invendus alimentaires des hypermarchés de Seine-et-Marne » notent CVE et Île-de-France Énergies dans un communiqué commun. La particularité de cette unité territoriale est qu’elle sera la première en injection à traiter dans ses intrants 50 % de biodéchets via un système d’hygiénisation. Des biodéchets dont les quantités à traiter et à valoriser seront de plus en plus importantes dans les années à venir, avec l’obligation à tous instaurée par la loi Agec au 1er janvier 2024. À Equimeth, ce sont près de 10 000 tonnes de biodéchets issues de Seine-et-Marne et de l’agglomération parisienne qui seront valorisées en gaz vert et en fertilisant chaque année, complétées par des fumiers équins et par les déchets des agro-industries du territoire (chanvre, papeterie, issus de silos…). À l’heure actuelle, sur les 500 000 tonnes de biodéchets alimentaires mobilisables en région francilienne, seules 13 % sont collectées. « La dimension biodéchets de ce projet est particulièrement importante alors que nous allons vers une obligation de leurs valorisations d’ici deux ans » souligne Raphaël Claustre.

250 Nm3 par heure de biométhane, soit la consommation en gaz de 4 000 habitants

L’unité de méthanisation d’Equimeth génèrera in fine une injection de 250 Nm3 de biométhane par heure dans le réseau GrDF, permettant d’alimenter les communes de Moret-Loing-et-Orvanne, Saint-Mammès, Thomery, Champagne-sur-Seine, Avon et Fontainebleau à hauteur de 15 % de la consommation en gaz des habitants de ces communes. Le digestat ou fertilisant organique produit, environ 20 000 tonnes chaque année, sera vendu aux agriculteurs avec un service d’épandage assuré par un prestataire de CVE, « à prix coûtant » nous assure-t-on du côté de CVE.